Par Clémence GBONON
A vingt-sept ans, Pierre Chevelle souhaite nous apprendre à changer le monde en deux heures ! Pour cela, il rassemble dans trois ouvrages concis, clairs et ludiques des solutions simples que nous pouvons adopter au quotidien selon nos envies. A la manière d’un critique gastronomique qui va goûter les plats des meilleurs restaurants, le jeune homme part en quête des « micro-engagements » qui font bouger la société et nous rapporte ses meilleures trouvailles. Un entretien à savourer pour en finir avec notre sentiment d’impuissance et passer à l’action !
Pas besoin d’être Gandhi pour changer le monde!
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Pierre Chevelle, j’ai 27 ans, je suis auteur, youtubeur et conférencier. J’ai écrit la trilogie intitulée Changer le monde en deux heures, trois livres référençant ce que j’appelle des « micro-engagements. » C’est-à-dire, des moyens simples et rapides d’agir pour les autres et pour notre environnement.
Pourquoi référencer ces moyens d’agir ?
D’après une étude menée par Ticket For Change, 94% des Français ont envie de contribuer à résoudre nos problèmes de société.
En réalité, nous souhaitons tous changer les choses à notre échelle, mais seuls 20% des français agissent. Et ça, c’est du gâchis de talent.
Souvent, les gens se disent « je n’ai pas le temps ». Je cherche à démontrer le contraire. C’est pourquoi, chaque année, je vais à la rencontre des écosystèmes où les solutions fourmillent pour les proposer ensuite dans mes ouvrages.
Chaque livre, c’est dix projets qui changent déjà le monde et qui ont une dimension participative, auxquels nous pouvons tous contribuer facilement.
Peux-tu donner un aperçu du contenu de tes ouvrages ?
Dans le tome 3 par exemple, on peut trouver comment sauver une vie en 45 minutes, financer des associations sans dépenser d’argent, ou encore comment illuminer la journée d’une personne sans-abri en quelques minutes ! Des initiatives simples et rapides pour faire sa part.
Dans une deuxième partie inédite, on peut découvrir comment se changer soi-même pour changer le monde, accepter d’être imparfait ou donner envie d’agir à ses proches.
Comment t’est venue l’idée des micro-engagements ?
Ayant travaillé dans l’entrepreneuriat social, j’ai découvert qu’il y avait de plus en plus de micro-engagements.
Pas besoin de s’astreindre à dix heures de bénévolat par semaine dans une association pour changer le monde !
Il y a tellement de façons aujourd’hui d’agir à son échelle, de manière graduelle, sur mesure et progressive, en fonction de son emploi du temps, de ses aspirations, de ses contraintes et de ses envies. Malheureusement, beaucoup trop de personnes n’ont pas accès à ces informations.
Quel est l’objectif derrière tes livres Changer le monde en deux heures ?
Je me suis beaucoup interrogé sur le point de blocage qui induit le fait que les gens ne passent pas à l’action. Le constat global est que dans l’entrepreneuriat social, il y a déjà beaucoup de projets qui fonctionnent. Il s’agit maintenant d’accompagner le grand public à adopter massivement ces solutions pour qu’elles deviennent la norme.
En réalité, le monde nouveau n’a pas besoin de plus de leaders mais de plus de « followers ».
Il s’agit de faire de la vulgarisation et de la pédagogie pour créer des ponts entre, d’un côté, la majorité des personnes qui se sentent impuissantes et submergées par les problèmes actuels ; de l’autre, plusieurs projets qui ont déjà un bel impact, qu’il soit social ou environnemental, mais qui restent encore beaucoup trop méconnus.
Que signifie pour toi « changer le monde » ?
Changer le monde, pour moi, ça veut dire contribuer à résoudre un problème de société urgent, important et qui fait consensus de manière générale. Le cancer, le chômage, le réchauffement climatique, la protection des animaux…
Aurais-tu un exemple d’entrepreneur ou de projet qui t’a particulièrement marqué ?
Je pense à Gaëlle de Learn Enjoy qui a créé une application éducative pour les enfants atteints d’autisme. Elle a abandonné son poste dans une grande boîte pour s’y consacrer car son enfant souffrait de cette pathologie. Désormais cette application bénéficie à de nombreux enfants et parents dans la même situation. C’est touchant et il est possible de s’identifier. En somme, c’est simplement ressentir l’authenticité des projets et la sincérité de ceux qui les portent.
Peux-tu revenir sur ton parcours ?
J’ai fait une classe préparatoire aux écoles de commerce. Seulement voilà, arrivé en école de commerce, j’ai eu l’impression de m’être créé ma propre prison dorée et je n’avais pas de plan B. Je voyais le petit sablier du temps qu’il me restait avant d’arriver sur le marché du travail s’écouler à grande vitesse et je ne savais pas du tout ce que je voulais faire. J’ai donc décidé de réagir.
Quel a été le déclic pour t’engager ?
Je ne crois pas au déclic, à mon sens il s’agit plutôt d’un processus qui s’inscrit dans le long terme.
Ce processus est constitué de plusieurs petits déclics distincts. Car la quête de sens, c’est long, chaotique et pas toujours aussi cohérent qu’on le laisse entendre.
Mais grâce à cette démarche, j’ai créé mon propre métier. C’est quelque chose d’incroyable que je souhaite à tout le monde, je ne parle pas forcément de créer son propre job, mais au moins de faire quelque chose qui nous anime au quotidien.
Quels sont tes projets d’avenir ?
J’ai décidé de démarrer une chaîne Youtube fin janvier. Depuis longtemps, j’avais envie de montrer l’envers du décor de l’entrepreneuriat social, tout ce que je ne retrouve pas dans les médias, mais qui mérite d’être connu, comme les aventures humaines que cela implique par exemple. Les livres sont donc consacrés à comment passer à l’action et les vidéos Youtube répondront au pourquoi.
Quel est le message que tu souhaites faire passer ?
Je crois que ce qui m’a mené jusque ici, qui me tient vraiment à cœur et que j’encourage de toutes mes forces, c’est le passage à l’action. Le passage à l’action dans le social et l’environnemental, mais aussi dans sa propre existence.
Au fond, il s’agit de s’autoriser à devenir acteur de sa vie et non pas seulement spectateur. Comment en arrêtant de subir un contexte, il est possible de créer nos propres opportunités, notre propre chemin, et comment ainsi, on trace sa propre voie.
Toute l’équipe de Youth We Can ! te remercie vivement pour ces infos et ces conseils. Bon courage pour la suite de l’aventure !