Fleurs d’Ici, à la rescousse de l’horticulture française !

En France, le marché de l’horticulture pèse près de deux milliards d’euros et la majorité des Français déclarent préférer acheter des fleurs produites localement. Pourtant, la filière horticole française se porte de plus en plus mal. Aujourd’hui, les exploitations se raréfient et deux horticulteurs sur trois ont fermé ces quarante dernières années. Pour répondre à cette catastrophe annoncée, deux femmes audacieuses se sont donné pour mission de faire refleurir l’horticulture française.

Rencontre!

portrait Hortense & Chloe
Hortense & Chloé 

 « Manger des fraises en décembre, cela vous viendrait-il à l’esprit ? »

C’est avec ces mots bien choisis qu’Hortense Harang et son associée Chloé Rossignol m’accueillent ce matin. Le rendez-vous est donné aux Grands Voisins, au cœur de l’ancien Hôpital Saint-Vincent-de-Paul, où elles ont installé leurs locaux.

En 2016, ces deux entrepreneuses ont fondé Fleurs d’Ici, la première plate-forme française de livraison de bouquets cultivés localement et uniquement de saison.

87 % des fleurs vendues en France viennent de l’étranger

 « Aujourd’hui, 87 % des fleurs vendues en France viennent de l’étranger, se désole Hortense,  essentiellement des Pays Bas, dont la majorité des fleurs  est importée d’Afrique, d’Amérique du Sud, plus précisément du Kenya et de l’Équateur. »

Hortense m’interpelle sur la façon dont ces fleurs sont réfrigérées avec une sorte de « botox » pour qu’elles supportent le transport par bateau cargo. « Ensuite, elles prennent l’avion pour arriver jusqu’à nous ou bien elles poussent sous des serres surchauffées en Hollande, afin de recréer un été artificiel. » Quant à  leur culture, elle abuse des pesticides en raison de  réglementations beaucoup plus souples qu’en France. « Sans parler des conséquences sociales de ces méthodes, comme les conditions de travail déplorables des femmes et des enfants dans les pays producteurs, » ajoute-t-elle.

Pour cette ancienne journaliste de la BBC, le bilan est sans appel.   Hortense égraine alors des chiffres qui donnent le vertige. En France, face à la concurrence étrangère, les exploitations horticoles se raréfient et deux horticulteurs sur trois ont fermé ces quarante dernières années.  « Il y avait environ deux cents producteurs de fleurs autour de Paris, aujourd’hui on en compte une trentaine, » déplore-t-elle.

En France, la taille du marché de l’horticulture représente deux milliards d’euros

Une aberration lorsque l’on sait qu’en France, la taille du marché de l’horticulture représente deux milliards d’euros. « De quoi faire vivre pas mal de monde car la fleur est ce qu’il y a de plus rentable au M2, et nous avons la capacité de production ! D’ailleurs, il faut savoir que la plupart des producteurs jettent la moitié de ce qu’ils produisent. »

Face à cette incohérence, Hortense et son associée sont déterminées à ne pas baisser les bras. Il y a deux ans, elles ont décidé de s’unir avec un objectif à la hauteur des enjeux du moment : « Sauver l’horticulture française d’une catastrophe annoncée.»

Sauver l’horticulture française d’une catastrophe annoncée!

Pour cela, elles ont créé l’entreprise Fleurs d’Ici, une plateforme vouée à révolutionner le travail de nombreux producteurs et fleuristes.

Le principe est simple, en limitant les intermédiaires, c’est-à-dire en économisant sur les circuits de distribution, Fleurs d’Ici permet aux producteurs horticoles de pratiquer des prix justes. Quant aux consommateurs, ils bénéficient de fleurs « haut de gamme, » puisque celles-ci ne sont cueillies que 24 heures avant d’être commercialisées contre une moyenne de dix jours pour les fleurs importées. « L’avantage de ces fleurs, jamais congelées, c’est qu’elles vivent jusqu’à trois semaines. Les bouquets sont odorants et ont un charme fou, comme si vous veniez de les cueillir dans un jardin !»

Les acheteurs de plusieurs grandes villes à la recherche d’un bouquet plus authentiques, contribuant à la défense de l’emploi et de l’environnement, peuvent aujourd’hui se rendre sur Les Fleurs d’Ici pour commander à des fleuristes indépendants ou des producteurs proches de chez eux.

Proposer une approche naturelle, en remettant la saisonnalité et la proximité au cœur de la démarche

La livraison se fait à vélo ou avec un véhicule électrique en limitant les emballages. « L’idée est de proposer une approche naturelle, en remettant la saisonnalité et la proximité au cœur de la démarche, » précise Hortense, dont le prénom, dérivé du latin Hortus, le jardin,  semble l’avoir destinée à s’épanouir dans ce secteur.

Véritable passionnée, elle est intarissable lorsqu’elle évoque les fleurs qui peuvent adoucir nos soirées d’hiver. « En février, pour la Saint Valentin par exemple, vous pouvez marier des fleurs blanches de saison. Cette année, nous avons sélectionné les plus beaux mufliers, œillets, tulipes, anémones, narcisses et eucalyptus aux parfums délicats. Vous obtiendrez ainsi un superbe bouquet, tout en douceur et originalité !»

©Patrick Smith_DSC6910
@PatrickSmith 

Si la start-up a commencé avec des commandes de particuliers et compte à ce jour plus de 10 000 visiteurs uniques par semaine, Fleurs d’ici s’occupe désormais des sièges d’entreprises. « Nous souhaitons devenir le leader français dans la livraison de bouquets aux entreprises. » Fleurs d’Ici, qui emploie sept salariés, souhaite maîtriser au moins 3 % du marché de la vente de fleurs en France d’ici les trois prochaines années et annonce un chiffre d’affaires de près de 3 millions d’euros pour 2019.

Un acteur institutionnel au service de l’intérêt général

En effet, Hortense et son équipe peuvent se targuer d’avoir convaincu des marques comme Orange, la BNP ou encore le groupe LVMH de s’agréger à leur démarche. « Notre mission consiste à convertir les directeurs des achats, aux achats dits responsables. Ceux-ci doivent devenir la norme, il n’y a pas d’autre option pour enrayer, avant qu’il ne soit trop tard, le déclin de la production française. » 

En les écoutant, il est facile de comprendre qu’Hortense et son équipe sont, en quelque sorte, entrain de se substituer à un travail qui appartient au pouvoir public.

Et c’est bien pour cela que Fleurs d’Ici s’inscrit dans la dynamique des entreprises dites sociales et solidaires. « Nous avons la volonté d’être un acteur institutionnel dans la mesure où l’on agit pour l’intérêt général et si, en même temps, nous arrivons à faire comprendre aux consommateurs que les roses pour la Saint-Valentin ce n’est pas du tout normal, on aura gagné ! » ajoute Hortense, résolument optimiste, avant de conclure notre échange en évoquant la saisonnalité des roses. « Elle se situe entre le mois de juin et le mois de novembre. Pas en février ! Cela doit devenir une évidence » affirme-elle.  Sauf si vous préférez offrir des pesticides et du CO2 à votre bien-aimé(e) !

Annabelle Baudin

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BONUS DES OPTIMISTES !

Pour les particuliers : Vous voulez contribuer à la défense de l’emploi et de l’environnement, rendez-vous sur Fleurs d’Ici pour commander vos fleurs à des fleuristes indépendants ou des producteurs proches de chez eux.

Pour les entreprises : Vous voulez répondre aux enjeux de l’époque, défendre l’horticulture locale et vous inscrire dans une démarche responsable ? Rendez-vous sur Fleur d’Ici ou écrivez à dreamteam@fleursdici.fr ! Vous pourrez choisir vos abonnements, bouquets d’accueil, bouquets cadeaux, ou encore la décoration florale de vos boutiques et événements !

Un commentaire sur « Fleurs d’Ici, à la rescousse de l’horticulture française ! »

  1. Merci pour cet article de qualité qui nous informe et surtout nous responsabilise. Acheter des fleurs de saison et locales est primordial. Soutenir les horticulteurs français de proximité l’est aussi. Merci à Hortense et son équipe pour cette belle et intelligente mission. Les fleurs font mon bonheur et j’aurais aimé être fleuriste. Merci à Fleurs d’ci.

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