Et si on repartait tous en vacances ?

Mon dernier papier était un appel à l’action commune, il nous enjoignait à conjuguer le verbe « faire » au présent de l’indicatif, à supplanter le dire. Il faisait l’éloge de tout ce qui peut nous mettre en mouvement ensemble. Agir, encore et toujours.

Je prépare mon sujet in extremis avant les vacances, je presse mon interlocuteur de m’accorder la primeur d’une interview avant la trêve estivale, je fais dans l’urgence, comme si quelque chose de vital en dépendait.

Je publie le jour J et m’écroule quelques heures après. Je n’arrive plus à lire mes mails, je réponds à côté, et ne termine pas mes phrases. Lorsque je reçois des « Tout va bien ? » par sms, j’élude, et me demande « Qu’est-ce que j’ai écrit ? » Quant aux « Tu ne veux pas t’arrêter un peu et profiter des vacances ? », mon for intérieur ne saisit pas l’injonction travestie et s’exclame « J’aurais dû me relire ! » C’était en juillet.

Très précisément avant la trêve estivale.

Avant que le sable brûle les pieds, que la chaleur exhale les effluves d’indice 50, que les copains rentrent du marché, paniers abondant de tomates multicolores, que les verres de vin rosé s’entrechoquent pendant que le regard s’évade et s’aveugle dans les reflets incandescents du soleil, à des années lumières du moindre réseau wifi.

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Dorénavant, j’apprendrai à ne plus courir après le temps. À me laisser vivre.

Je serai comme ces licornes flottantes que l’on peut apercevoir dans les prairies multicolores. S’il m’arrive encore de m’inventer une quelconque forme de pression irrationnelle ou de fulminer par angoisse d’une éventuelle rechute, je porterai des lunettes jaunes pour voir la vie en arc-en-ciel et égrainerai des #YellowGlasses partout sur Instagram.

C’est promis, cette année, je ferai du yoga avec un flamant rose. J’essaierai la méditation pour goûter au bonheur d’être soi, et m’offrirai peut-être une néo-détox à base de jus d’herbes, de graines et de fleurs de courgette quelque part dans le Vercors.

Sérénité, je deviendrai. Toujours sourire aux lèvres comme un smiley grandeur nature, je déambulerai.

Je serai désinvolte, je cultiverai un sens aigu de l’oisiveté, j’élèverai chaque minute consacrée à ne rien faire au rang de sacré, et me laisserai porter par la douceur estivale même en hiver.

Bien sûr tout cela n’arrivera pas, mais à l’heure où la rentrée nous donne des fourmis dans les jambes, une chose est acquise : cet été je n’ai rien absolument rien fait ; je n’ai même le souvenir d’avoir répondu à vos mails (ou à peine) et pourtant j’ai survécu.

Mission accomplie.

Alors, avant d’égrainer nos résolutions de septembre, si on repartait tous en vacances ?

Annabelle Baudin

4 commentaires sur « Et si on repartait tous en vacances ? »

  1. Quel bonheur de vous relire avec des mots si vrais et si agréables comme tout ce que vous écrivez.
    Oui vous le savez certainement mais je suis vraiment fan de vos textes Annabelle.
    Se déconnecter est vraiment bénéfique même si on ne peut pas se déconnecter totalement.
    Je serais bien en accord avec vous pour repartir en vacances…; Rien que l’idée est positive.
    Merci à vous Annabelle

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  2. Ma chère Annabelle, je suis heureuse de vous lire et d’entendre ces vœux de bien-être personnel, de précaution et d’auto-bienveillance. Votre pensée positive et dynamique se nourrit de la sérénité de votre être. Bien amicalement. Nathalie

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  3. Bj Annabelle

    La sagesse vient en son temps
    Le rabot de la vie façonne la notion d’urgence, redéfini la course au temps
    Tout devient alors si peu certain.

    Une des plus vieille civilisation ne disait-elle pas que l’horizon recule au fur et à mesure que vous avancez vers lui
    Alors à quoi bon courir et s’essouffler

    Pour le sage le bonheur n’est pas d’avoir ce qu’il veut mais de vouloir ce qu’il a.
    Profitons et juissons des instants de lumière
    Avec gourmandise et optimisme
    Laurent alias Elvis Edith

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