Dans un monde où les chômeurs se comptent en millions, et où les emplois se raréfient, peut-on être à la fois chasseuse de tête et actrice du changement ? Solenn Thomas est tout cela et bien plus encore. Révélatrice de talents, elle a créé le mouvement Eklore, un laboratoire des pratiques innovantes de l’accompagnement professionnel, et bousculera les idées reçues en matière d’emploi le 3 avril prochain lors du Festival Eklore à l’Hôtel de Ville de Paris !
Rencontre.
Sa devise pourrait être « Just Be You! »
Solenn vous scanne en moins de quelques minutes. Puis, comme une exclamation à peine retenue, s’enthousiasme pour la multitude de ressources qui sommeillent en vous. Elle vise juste, elle sait que vous avez la capacité de devenir cet autre qui ne demande qu’à se révéler. Le temps d’un déjeuner, elle évoque nos responsabilités individuelles, aborde la notion de l’intelligence collective et l’importance de l’alignement personnel.
Solenn marque des pauses régulières. Elle incarne la philosophie des petits pas qui nous font aller loin. La tête froide et le cœur brûlant, c’est en révolutionnant sa propre existence qu’elle a décidé de transformer durablement celle des autres. « Votre vocation – de vocare, être appelé- précise cette passionnée de philosophie, s’en référant à Aristote, est là où vos talents rencontrent les besoins du monde. »
Et si nous suivions cet appel ?
Depuis de nombreuses années, Solenn multiplie les casquettes. Chasseuse de tête de cadres dirigeants, elle explore l’humain depuis plus de dix ans à la recherche des profils à haut potentiel. Elle est également à l’origine du mouvement Eklore, qui résonne comme « l’anagramme de colère, » m’explique-t-elle. Un mouvement associatif qui permet de partir à la reconquête, non seulement d’un emploi, mais aussi de soi.
L’innovation au cœur de l’emploi !
A ses yeux, le pouvoir personnel est un sacerdoce, mais aussi une source de connaissance. Une affaire sérieuse dès lors qu’elle aborde sa vision du leadership au XXIe siècle. Pour elle, avec 12 % de chômage et 70 % de personnes affirmant ne pas s’épanouir au travail, la situation en France a de quoi nous indigner. Dans un monde du travail, qu’elle qualifie de mécanique, les compétences s’impriment et les personnes sont interchangeables. « Aujourd’hui, il faut penser le travail de façon organique, si les talents s’expriment, alors les personnes deviennent inimitables. »
Si Solenn insiste sur le fait que le talent n’est pas une compétence, c’est parce que depuis 2014 Eklore permet à des milliers de personnes d’identifier leurs talents, et de trouver leur voie via de nombreux ateliers animés par des professionnels : les Ekloreurs. Une équipe d’intervenants rigoureusement sélectionnée pour leur créativité qui permet aux participants de se découvrir et de se remettre en mouvement.
L’association s’est donnée pour mission d’accueillir chaque personne en questionnement professionnel et de leur offrir des outils pratiques pour faire du travail l’occasion de se réaliser. « Depuis 2014, nous avons testé plus de 200 ateliers de connaissances de soi et d’invention de sa propre voie, » précise-t-elle.
Par ailleurs, Eklore accompagne depuis trois ans des étudiants philosophes en Master 2 à la Sorbonne, à travers un programme répondant à leurs besoins spécifiques, à savoir comment s’insérer dans l’entreprise en tant que philosophes ?
Experte en valeur humaine !
Pour Solenn, il ne s’agit pas de savoir si nous devons travailler 35h ou plus, mais de savoir si nous sommes en phase avec qui nous sommes.
Cependant pour trouver sa place dans le monde du travail, il est essentiel de bien se connaître. Un sujet qu’elle maîtrise. « C’est en suivant mes propres désirs qu’Eklore a pu voir le jour. Il y a quelques années, me confit-elle, je me suis lancé un challenge. Faire une retraite de méditation à Auxerre. L’enjeu était de rester dans le silence absolu pendant dix jours, sans adresser la parole à personne. Il s’agissait d’un défi, une envie d’explorer mes ressources en repoussant mes limites. » Solenn me révèle qu’au bout de quelques jours, il lui est apparu qu’elle arrivait à maîtriser ses idées et à faire taire son « brouhaha » mental. « Grâce à ce challenge, je me suis découverte une véritable liberté de penser, et surtout d’action. »
Lost in Transition…
De retour à Paris, elle constate que sa perception d’elle-même et des autres n’est plus la même. Elle note également que sa créativité est exacerbée et que son intuition est étonnante par rapport aux candidats qu’elle rencontre. Mais cela ne lui suffit pas. Mue par une envie d’aller encore plus loin, elle décide « sur un coup de tête » de partir en Inde. « Une nuit, j’ai rêvé que je méditais au bord du Gange, alors j’ai suivi ce rêve ! »
Solenn voyage seule, avec une idée fixe, se rendre à Bénarès, haut lieu de pèlerinage en Inde du nord. Durant plusieurs jours, elle expérimente la souffrance, la misère, l’errance aussi. « Cela a été très difficile. Je ne savais plus trop ce que je faisais là ; ajoute-t-elle. » S’en suit un détour par Delhi. « Je me suis offert le luxe d’un bon hôtel, aux standards européens. » Mais le matin, en ouvrant ses rideaux, Solenn aperçoit un bidonville qu’elle n’avait pas vu la veille. « Des enfants jouaient nus au milieu d’un monticule de déchets. J’observais cette misère à travers la fenêtre de mon hôtel luxueux. Le contraste était saisissant. Je me suis alors questionnée sur ma responsabilité. J’ai pris conscience que si je n’étais pas directement coupable de cette misère, j’avais un devoir d’action, de réponse. C’est à cet instant que mon déclic pour Eklore a eu lieu. »
Agir, mais commencer par quoi ?
C’est en déployant son imaginaire que les réponses se sont naturellement imposées à elle. Choc de perdre son emploi, inquiétude pour l’avenir… Se retrouver sans emploi ou en situation précaire est une épreuve qui va de la dévalorisation à la perte d’identité. Beaucoup de candidats qu’elle rencontre y sont confrontés. « C’est précisément sur ce terrain-là que j’ai décidé d’agir. »
De retour en France, Solenn crée Eklore et transforme sa colère en action. « Aujourd’hui, Eklore permet de dépasser le discours anxiogène véhiculé autour de la question du chômage qui empêche les gens de rebondir par eux-mêmes. Or, il suffit de changer le prisme de notre regard pour constater que le chômage peut devenir une opportunité. »
Festival Eklore, l’empowerment au cœur du changement !
C’est dans cette perspective que s’inscrit la seconde édition du Festival Eklore qui a lieu le 3 avril prochain à l’Hôtel de Ville de Paris.
Inspiré par les mutations et les attentes nouvelles au travail, cette journée est pensée pour croiser humanisme, professionnalisme et convivialité. Elle réunira et donnera la parole à tous ceux et celles qui portent l’utopie du renouveau managérial, qui innovent dans leurs pratiques et agissent avec sérénité dans la complexité de nos vies.
Émergence, expérience et bienveillance seront à l’honneur autour de cinq thématiques ( Jeunes & Sens, Neurodiversité & Innovation, Féminin & Pouvoir, Handicap & Performance, Egologie & Management) et de personnalités extraordinaires qui aideront les participants à bâtir leur projet professionnel, amorcer un processus de reconversion, chercher un emploi, et pourquoi pas inventer le travail de demain ?
Annabelle Baudin
Bonus des optimistes:
AGIR !
Fabuleux. Merci beaucoup Annabelle pour ces belles découvertes.
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