Coexister, portrait de l’un des mouvements les plus optimistes de l’époque !

Au beau milieu du  flot assourdissant de nouvelles accélérant la montée des crispations et le repli sur soi, un navire grouillant d’optimistes fait de la résistance ! Ils ont entre 15 et 35 ans et, au sein de l’association Coexister, ils jouent la carte de l’interconvictionnel pour agir ensemble. Portrait de l’un des mouvements les plus optimistes de l’époque !

Ce matin-là, j’ai rendez-vous aux Grands Voisins pour rencontrer Radia Bakkouch, et Emmanuel Michel. Ils font partie de ces irréductibles qui s’activent pour inspirer des solutions, et susciter l’action citoyenne.

Le temps d’un petit déjeuner, ils m’expliquent comment Coexister dessine les lignes d’une société nouvelle en partant du constat irréfutable que la France est un pays pluriel et que ce pluralisme est un atout central de l’unité nationale.

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Radia est la Présidente de l’association. Elle a passé les quatorze premières années de sa vie au Maroc. Elle est de confession musulmane. Emmanuel est le Délégué Général de Coexister. Il est catholique, et a longtemps fréquenté l’aumônerie des étudiants de Strasbourg. Si en apparence, leurs traditions respectives pourraient les éloigner, les valeurs communes qui les animent sont flagrantes !

À leur image, Coexister rassemble des citoyens de toutes convictions et de toutes origines culturelles autour de ce qu’ils appellent la coexistence active. Une façon d’incarner sur le terrain la cohésion sociale afin d’en finir avec le communautarisme et les discriminations.

Un état d’esprit qu’Emmanuel décrit ainsi : « Aujourd’hui, nous avons besoin de cohésion pour faire avancer la société. La coexistence active consiste à faire des choses concrètes avec des personnes très différentes de soi, afin de déconstruire nos préjugés, et changer totalement de regard sur les autres et sur nous-même. »

Pour Radia cette coexistence active se vit via l’unité dans l’action. « Lors des réunions de l’association, des garçons portent la kippa, certaines filles sont voilées, d’autres n’ont aucun signe distinctif sur eux. Ce qui fait lien, c’est notre désir de prendre conscience des ressources inouïes que nous offrent nos différences. Nous le constatons tous les jours, même si nous ne sommes pas systématiquement d’accord, ces différences en action soulèvent des montagnes ! »

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Ici, il n’est donc pas question de faire l’économie de son identité, au même titre que de son ouverture aux autres.

« Le monde d’aujourd’hui a besoin de personnes profondément enracinées et ancrées dans ce qu’elles sont, et en même temps capables d’empathie envers les autres, à travers toute leur individualité et la palette de leurs convictions, » souligne-t-elle.

La devise de l’association est explicite, Diversité de convictions, Unité dans l’action. 

Un credo qui invite chacun à bâtir du commun autour du faire ensemble. Mais, avant de construire des ponts, il était nécessaire de détruire les murs de la méconnaissance et de l’ignorance.

Tout à commencer il y a sept ans, au Théâtre de Saint Léon dans le XVe arrondissement de Paris.

À la suite de manifestations violentes en réaction à l’opération militaire israélienne « Plomb durci » dans la bande de Gaza, une manifestation pacifique est organisée. Dans ce théâtre, des fidèles de toutes les communautés religieuses du quartier se retrouvent en présence d’autres citoyens. « Dans la salle, me raconte Emmanuel, un jeune garçon, Samuel Grzybowski, se lève et monte sur scène. Du haut de ces seize ans, il lance un appel en proposant aux jeunes qui le souhaitent de le rejoindre pour organiser un don du sang symbolique.

« Faisons couler le sang pour la paix et non pour la guerre » clame-t-il ! »

L’appel fait mouche. Onze jeunes du quartier, respectivement issus des communautés musulmanes, juives et chrétiennes, répondent présent. Une semaine plus tard, ils se retrouvent dans les locaux d’une synagogue, fondent un groupe interconvictionnel des jeunes du XVe arrondissement, rédigent un manifeste de la Coexistence active, et organisent ensemble une collecte de sang sous le nom d’Ensemble à Sang %.

Le succès de cette opération dépasse les espérances des pionniers de la Coexistence active. Près de mille personnes se déplacent ce jour-là. Plus de 300 donneront leur sang.

Coexister est né.

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Aujourd’hui, ils sont plus de 3000 adhérents à organiser des actions de dialogue, de solidarité et de sensibilisation dans 35 groupes locaux en France mais aussi en Belgique, en Suisse et en Angleterre. « Dans chacun de ces pôles d’activités, nous proposons des projets, des programmes ou des événements pour créer du lien sur la base de la diversité de convictions, » poursuit Emmanuel.

Concrètement, le pôle dialogue permet une meilleure connaissance de soi et des autres, via par exemple la visite de lieux de culte, l’organisation de débats ou de repas partagés un soir de fête. « Tout est opportun dès lors qu’il s’agit de trouver un prétexte pour aller à la découverte de ce qui fait que l’autre est différent de moi. C’est le seul moyen de développer l’empathie. » Insiste-t-il.

Le pôle solidarité permet à ceux qui ne partagent pas les mêmes convictions d’agir ensemble via des expériences services.

« Lorsque nous disons « je crois, ou je ne crois pas », nous tombons d’accord pour ne pas l’être, s’amuse Radia. Cependant, la donne change dès lors que nous disons « nous faisons ensemble ». »

C’est donc autour du verbe « faire » que s’articulent de nombreuses missions comme des interventions auprès des personnes en situation de fragilité, ou par le biais du don du sang.

Côté sensibilisation, l’association est très sollicitée par les établissements scolaires où elle intervient pour déconstruire les préjugés religieux grâce à des outils pédagogiques. Le duo est formel : « Ces interventions ont permis à plus de 60 000 élèves de prendre conscience de la possibilité d’agir ensemble pour bâtir une société de paix où chacun peut être totalement lui-même. » 

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Bâtir une société de paix où chacun peut être totalement lui-même.

Si Coexister bénéficie d’un rayonnement si rapide, c’est d’abord parce que l’association n’a pas attendu les situations dramatiques que nous connaissons pour partir en quête de solutions.

Dès 2012, Coexister lance l’InterFaith Tour: un tour du monde des initiatives interconvictionnelles réalisé chaque année par quatre ou cinq membres de l’association.

Durant dix mois, ils entreprennent un périple à travers cinquante pays pour y recenser des initiatives interconvictionnelles inspirantes pour notre société. S’en suit ensuite un tour de France de deux mois pour témoigner de cette expérience.

Ces deux mois à travers tout le pays permettent ainsi d’organiser près d’une centaine de conférences dans plus de soixante villes. L’objectif étant de réduire les clivages entre les différentes traditions et la société.

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Deux ans après le lancement de l’InterFaith Tour, l’association remporte le prix du programme La France s’engage organisé par l’Élysée. « Nous sommes arrivés en tête grâce au vote des Français sur Internet, » me précise Emmanuel déplorant le fait qu’il ait fallu les attentats de janvier pour que l’association soit entendue du gouvernement et du grand public.

Ce label source de reconnaissance permet à Coexister de concrétiser en France ce partenariat entre l’Etat et la société civile afin de faire advenir le faire ensemble à l’aune des meilleures initiatives fonctionnant  dans d’autres pays « Chaque jour, nous sommes des milliers à démontrer qu’il est possible de construire un futur commun qui fonctionne, avec des personnes curieuses, enthousiastes, qui pensent et agissent de façon non formatée conclut Radia, pétrit d’enthousiasme, dont les traits s’étirent dans un immense sourire.

Pourquoi résister ?

Annabelle Baudin

Bonus des optimistes:  

DÉCOUVRIR !

Témoignages d’Aminata Sakho & de Christophe Cadiou membres de Coexister.

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« L’association Coexister m’offre la possibilité de côtoyer des jeunes très différents de moi ! Le mouvement est également un moyen de découvrir des acteurs qui œuvrent pour la justice sociale. Coexister m’aide à m’affirmer et à m’ancrer pleinement dans mon identité. Moi, jeune femme musulmane de 24 ans, issue d’un quartier populaire de Saint-Denis dans le 93, avec des parents immigrés d’Afrique sub-saharienne.

J’ai appris à connecter mes multiples identités entre-elles. Auparavant j’avais toujours la sensation que je devais  faire un choix : être musulmane ou française. Banlieusarde ou Africaine. J’avais la sensation d’avoir un tort : avoir trop d’identités. 

Grâce à Coexister, j’apprends tout ce qu’on ne m’avait jamais demandé de faire comme révéler mon identité de musulmane qui, quand j’ai intégré l’université, a suscité beaucoup d’interrogation et d’incompréhension de la part de mes camarades. Coexister m’a permis d’assumer pleinement la femme que je suis car oui, je redoutais que les gens aient une appréhension en découvrant ma religion. J’avais très peur de faire peur.

Coexister c’est aussi un moyen de porter ma parole. Cette parole ce n’est pas n’importe laquelle, tout comme pour mes camarades de Coexister, elle sert à une cause commune : le vivre et le faire ensemble »

Aminata

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« Pour moi, il n’y a pas d’étrangers, il n’y a que des amis que l’on ne connaît pas encore ! »

« Breton de confession catholique, j’ai grandi dans un environnement cosmopolite au sein d’une famille de commerçants. À l’âge de 23 ans, je suis parti 3 semaines à la découverte du Burkina-Faso. Sur place, ma rencontre avec l’animisme, ainsi qu’avec un imam, m’ont permis de prendre conscience que nous étions tous des frères et des sœurs en humanité.

C’est en 2012, alors salarié d’une association de promotion de la Non-violence, que j’ai découvert Coexister grâce aux témoignages de deux de ses membres. J’ai alors décidé de rejoindre le groupe local créé à Angers. Je suis devenu responsable bénévole du groupe, avant d’intégrer l’équipe nationale de Coexister comme salarié.

L’association m’a offert un cadre d’apprentissage favorisant l’émergence de nouvelles compétences professionnelles et le sentiment d’une véritable réalisation sur le plan personnel.

Grâce à Coexister, j’ai aujourd’hui des amis de tous les horizons et ensemble, nous déconstruisons les préjugés qui pourraient empêcher l’existence de ces amitiés d’une grande richesse. Pour moi, il n’y a pas d’étrangers, il n’y a que des amis que l’on ne connaît pas encore ! »

Christophe

AGIR !

Pour rejoindre Coexister, c’est ici!

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4 commentaires sur « Coexister, portrait de l’un des mouvements les plus optimistes de l’époque ! »

  1. Une fois de plus Bravo Annabelle pour cette découverte de COEXISTER. Oui il n’y a que par cette coexistence que l’on arrivera à un monde sans haine, sans apriori . Un monde d’AMOUR. Il faut y croire.

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  2. Merci infiniment de m’avoir fait découvrir la richesse de cette association. Cette expérience me réjouit et m’assure que ces forces pacifistes et humanistes, altruistes, privilégiant la nécessaire culture pluri-identitaires. Nous ne sommes individuellement pas un mais plusieurs. Nous sommes des êtres composés d’entités. Veillons sur cette richesse pour grandir. Les témoignages sont très émouvants. Merci à vous.

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