Avec Elyx, son héros transmedia, Yacine Ait Kaci aka Yak, injecte une dose de bonne humeur dans l’univers du digital street art. Outre le succès rencontré sur la toile, Elyx est l’ambassadeur digital des Nations Unies. Ce jour-là, je surprends Yacine au Palais de Tokyo. Son personnage ne parle pas et pourtant il réussit somptueusement son oral.
La quarantaine, le sourire franc et la main qui se hâte, Yacine est intarissable lorsqu’il s’agit de relater l’histoire d’Elyx, son personnage toujours en mouvement qui interagit avec la réalité grâce au web, son écosystème naturel. Chaque jour, des milliers de fans suivent gratuitement ses tribulations.
Aussi subtil que discret, l’auteur est à l’image de sa création, humble et profondément bienveillant. Il me raconte qu’Elyx était aux premières loges pour célébrer les 70 ans des Nations Unies, et pourrait s’enorgueillir d’avoir propulsé son personnage sur la scène internationale.
De Tokyo, à la Colombie en passant par Milan, des « Elyx Party » se multiplient aux quatre coins du monde. Chacun peut s’amuser avec Elyx, et le mettre en scène avant de partager ses photos sur les réseaux sociaux, à l’instar du compte d’Instagram où Elyx décroche la palme d’or avec plus d’1 million 300 000 like. Je le félicite, il se dérobe. Il préfère parler d’Elyx né d’un travail hybride, mêlant photographie et dessins croqués sur le vif.
Travailler sur ce qui nous unie.
Pour comprendre les traits d’Elyx, il faut revenir vingt ans en arrière, à l’époque où les facéties de son ancêtre prénommé Ixel agrémentent un magazine pour adolescents. « Durant mes études aux Arts Décoratifs, j’ai été sélectionné pour façonner la mascotte d’un magazine, puis je suis tombé dans le chaudron du numérique.»
Artiste multimédia, véritable touche à tout, le créateur d’Ixel décide de se lancer dans le graphisme et l’animation. « J’ai d’abord cofondé Electronic Shadow, mais il y a huit ans, j’ai décidé de m’échapper d’un carcan professionnel qui ne me correspondait plus. C’est alors qu’Elyx, tel qu’il est aujourd’hui, a vu le jour. »
Si le nom d’Elyx est la métamorphose verlanesque d’Ixel, Yacine insiste sur les deux lettres « X et Y » qui rappellent celles de l’ADN.
« Par la présence de ces deux chromosomes dans son prénom, Elyx affirme son caractère universel et inclusif. C’est une façon d’abolir les frontières. A travers Elyx, l’humanité devient un organisme en soi, de la même façon que notre corps est composé de milliards de cellules différentes, » explique- t-il, mû par l’enthousiasme de celui qui n’a de cesse de vouloir travailler sur ce qui nous unie.
Dès sa prime enfance, Yacine a compris, que l’on est déterminé par sa différence et non par son point commun. Pudique, lorsqu’il évoque les premières années de sa vie, il raconte qu’il est né en France et a grandi à Alger.
Il se souvient qu’il savait écrire l’arabe, mais ne le parlait pas. « Je suis, de fait, rapidement devenu un étranger aux yeux de mes camarades. Lorsque je suis rentré en France, la même histoire s’est reproduite. »
Au-delà de l’exutoire, dessiner devient pour celui qui se définit comme un « Smile Maker » une soupape créative lui permettant d’exprimer cette volonté de relier en s’adressant à tous.
En témoigne le succès rencontré sur la Toile où il déclenche instantanément une avalanche de sourires.
La monnaie du digital, c’est l’empathie.
Souvent comparé au travail de Keith Haring, Yacine avoue être le fruit de ses influences. Les BD Moebius, en passant par Gary Larson ou encore Little Nemo de Winsor Mccay, l’ont toutes nourrit différemment, mais ce qui différencie Elyx d’autres personnages c’est qu’il possède une « vie organique. »
Elyx est au monde via son sourire, « contrairement au rire, le sourire est un acte conscient, » indique Yacine. Pour le créateur d’Elyx, ce sourire créé une forme de transaction, laquelle même gratuite a de la valeur.
« La monnaie du digital aujourd’hui, c’est l’empathie. On court après les j’aime et les like, c’est paradoxalement ce dernier pré-carré humain qui nous rend accro aux réseaux sociaux, » analyse-t-il.
C’est aussi, en troquant le clavier par le feutre, via le geste de la main, que le Smile Maker a réintégré l’humain au cœur de son processus créatif. Pourtant, la simplicité des moyens n’annihile en rien le caractère pleinement digital de la démarche, bien au contraire.
Une technologie éminemment humaine au service des Nations-Unies.
Hybridation entre réel et virtuel, Elyx croqué sur papier puis pris en photo s’incarne partout pour exprimer une pensée, une situation, partagée instantanément par une communauté en plein essor.
Dans cette époque où le numérique s’insinue tant dans le réel qu’on ne le remarque plus, Elyx apparaît alors comme une technologie éminemment humaine.
Accro à l’économie du don et du partage, grâce à son personnage, Yacine démontre chaque jour que qu’un message simple, peut créer de la valeur.
De fait, il se retrouve assez vite plébiscité pour une multitude de projets porteurs de sens, et ne tarde pas à taper dans l’œil de la Directrice de la Communication du Centre d’information régional des Nations Unies (l’UNRIC). Interpellée par le caractère universel et inclusif d’Elyx, elle demande à rencontrer son créateur.
Yacine revient alors sur son premier rendez-vous à Bruxelles en juillet 2014.
« J’étais attendu pour présenter mon projet Elyx, mais le calendrier en a voulu autrement. Je me suis retrouvé à la première réunion de l’UNRIC, juste après l’offensive israélienne contre la bande de Gaza. Nous attendions un appel imminent de Christopher Gunness, le porte-parole de l’Office de secours des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. »
La veille de leur rencontre, deux obus frappent de plein fouet une école de l’ONU au nord de la bande de Gaza. Seize enfants sont tués dans une salle de classe.
« Christopher Gunness était effondré. Ses larmes m’ont bouleversé. J’ai pris conscience à cet instant que les larmes étaient l’extrême opposé d’une longue ligne au bout de laquelle il y a un sourire. Je leur ai dit qu’il y avait un chemin à parcourir pour créer les conditions de la paix mais qu’un jour il y aura une poignée de main, et que cela passera par le non-verbal. »
A l’évocation de ce souvenir, l’émotion de Yacine est vive. Au siège de l’UNRIC, l’adhésion au projet Elyx est unanime, il devient l’ambassadeur virtuel de l’ONU !
#WeAreOne.
Depuis, le succès est tel qu’Elyx intervient sur de nombreuses célébrations internationales comme le sommet sur le climat, revisite la Déclaration universelle des droits de l’homme et, participe à de nombreuses journées mondiales.
« Les sujets que nous abordons sont souvent en résonance avec des situations dramatiques. Elyx permet de transmettre des messages forts avec une grande bienveillance. Cette bienveillance, il est capital qu’on l’assume aujourd’hui, car on a tous envie de vivre en paix ! »
Et lorsqu’il s’agit de rassembler les citoyens du monde entier pour célébrer les 70 ans des Nations Unies, Elyx est au premier plan.
« Il a entrepris un voyage autour du monde à travers 70 pays sur les cinq continents en 70 jours pour finir dans l’espace en octobre 2015. Ce voyage s’est fait virtuellement via les réseaux sociaux. »
Pour le créateur d’Elyx, agir aujourd’hui, ce n’est pas seulement se poser des questions mais commencer à y répondre concrètement, à la mesure de ses moyens.
« Je pense que la façon de regarder le monde induit la manière dont il évolue. Ce qu’Elyx met en lumière, c’est que pour avoir un véritable message politique, il ne s’agit pas d’opposer des groupes supposés les uns contre les autres. »
C’est le sens que Yacine donne à son #WeAreOne représentant une carte d’Israël et de la Palestine constituée par une multitude d’Elyx.
Questionnant l’existant pour donner à voir le présent à l’aune de ce qui est de plus beau, tout en nous rappelant chaque jour que nous fonctionnons tous de la même façon, Elyx conspire positivement.
«Grain de sable après grain de sable, on finit par engendrer quelque chose de solide. »
Un acte de résistance résolument joyeux et poétique dans nos vies arc-boutées sur la performance et rongées par l’angoisse du toujours plus.
Avant de le quitter, je demande à notre Smile Maker si Elyx a un défaut ? La réponse peut ne pas surprendre. « Elyx est un être très fragile », reconnait Yacine avant de remettre son feutre dans sa poche.
Par Annabelle Baudin
Yak vous présente Elyx! C’est ici
Bonus des optimistes:
Découvrir!
NOW c’est l’instant présent.
« Il n’y a que deux jours dans une année où l’on peut ne rien faire. Ils s’appellent hier et demain. Pour le moment, aujourd’hui est le jour idéal pour aimer, croire, faire et principalement vivre » Dalaï Lama.
Elyx nous enjoint à vivre à la « Bonne Heure », à nous reconnecter au « présent. » Pour cela, il a imaginé 3 montres en collaboration avec Louis Pion : « Now », « Love » & « Yogi. »
LOVE c’est l’amour universel
J’ai craqué pour la montre « Love. » L’amour n’est-il pas le carburant de nos désirs et de notre énergie vitale? Le cœur n’est-il pas l’organe le plus courageux?
Aimer, c’est transformer la peur en curiosité, c’est être libre de se réinventer, de s’affranchir de la colère ou de l’effroi!
Vous souhaitez (vous) offrir un beau présent? C’est ici!
ElyxBook ! Elyx devient le héros d’un livre aux éditions du Chêne. Dans cet ouvrage amusez-vous, émerveillez-vous avec Elyx, et à votre tour devenez un #ambassadeurdusourire!
Elyx sur Instagram https://instagram.com/elyxyak
Fabuleuse rencontre que cet Elyx et que ce Yak…..
Oh comme il a raison quand il dit que tout se passera par le non verbal… Oui le sourire peut commencer à changer les personnes avant de changer le monde.
MERCI Annabelle
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J’ai adoré cet article pour la poésie que dégage cet artiste. Une de tes phrases a retenu mon attention: “Dès sa prime enfance, Yacine a compris, que l’on est déterminé par sa différence et non par son point commun.”
Je ne sais pas si c’est ce qu’il t’a dit ou si c’est une déduction de ta part, mais ça m’a paru tellement essentiel que j’en ai fait le point pivot d’un article sur mon tout jeune blog « Secrets d’orientation ».
Merci pour cette découverte.
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