L’accès ou le retour à l’emploi peut s’avérer être un véritable parcours du combattant. Beaucoup d’organismes publics, d’associations sont mobilisés sur le sujet. Pourtant, un trop grand nombre de personnes échouent à la dernière étape : l’entretien d’embauche. Comment en effet le réussir lorsqu’on n’a pas la tenue appropriée ou que les codes de l’entreprise nous sont étrangers ? Face à cette situation, à 23 ans Nicolas et deux de ses amis se sont décidés à agir en créant la Cravate Solidaire.
Rencontre !
Bonjour Nicolas ! Alors qu’est-ce que c’est la Cravate Solidaire ?
La Cravate Solidaire est née du constat que porter un costume ou un tailleur pour aller à un entretien ne va pas de soi pour tout le monde !
Ces tenues sont onéreuses, et encore faut-il être en mesure se les approprier.
A la Cravate Solidaire nous organisons des « ateliers coups de pouce » au cours desquels nous donnons une tenue professionnelle et faisons passer un entretien blanc avec deux bénévoles issus des ressources humaines.
Il s’agit donc de réaliser une préparation globale à l’entretien d’embauche. Le cœur de notre activité, c’est de distribuer gratuitement des tenues professionnelles pour favoriser l’emploi, mais nous allons maintenant au-delà de ça en faisant passer ces entretiens blancs qui visent à désamorcer les peurs et autres à priori.
Comment es-tu arrivé à ce constat qu’il y avait quelque chose à faire sur l’entretien d’embauche ?
Nous avons tous les trois étudié dans une école de commerce à la Défense et nous avons dû acheter notre premier costume pour passer des entretiens de stage : 300 euros pour une tenue qui ne nous allait plus deux ans après, c’est cher !
Dans le même temps, nous pouvions observer une multitude de gens porter des costumes tous les jours à La Défense. C’est ainsi que l’idée de collecter les vêtements des travailleurs de La Défense pour les donner ensuite dans le cadre d’une aide à l’embauche nous est venue !
Comment es-tu passé du constat à l’action ?
Ça s’est fait un peu sur un coup de tête ! On s’est dit avec mes amis, c’est maintenant ou jamais. Et de fait, une nuit on s’est retrouvés tous les trois. On a copié les statuts d’asso sur internet, et le lendemain on déposait nos statuts à la préfecture ! La Cravate était née !
Que s’est-il passé ensuite ?
On a commencé à récolter des vêtements auprès de nos proches, de notre école et de comités d’entreprise. On a fait ça un certain temps, et puis un jour un ami m’a dit de venir au forum pour l’emploi de la mairie de Joinville. C’est à ce moment-là que nous avons aidé la première personne ! Coup de chance un peu improbable, mais une journaliste du 20 minutes était présente et elle a publié un article sur nous. A partir de là, notre association a vraiment été propulsée sur le devant de la scène !
Du jour au lendemain, on est passé de trois chemises et un costume dans une cave, aux plateaux TV !
<p><a href= »https://vimeo.com/64871621″>La Cravate Solidaire dans LE GRAND JOURNAL de Canal +</a> from <a href= »https://vimeo.com/user17817075″>La Cravate Solidaire</a> on <a href= »https://vimeo.com »>Vimeo</a>.</p>
Comment ton projet s’inscrit-il dans les dispositifs d’égalité des chances déjà existants? Quels sont les valeurs que la Cravate porte ?
Avec la Cravate Solidaire, nous nous situons au bout de la chaîne d’insertion ou réinsertion professionnelle.
75% des personnes qui passent par nos ateliers « coup de pouce » sont envoyés par des associations partenaires. Les autres ont généralement entendus parler de nous par le bouche à oreille. Ils ont généralement un entretien de prévu, ce qui leur manque c’est ce petit coup de pouce pour prendre confiance en soi et réussir.
Mais au-delà de ça, nous cherchons à créer du lien social.
L’association, à travers ces ateliers, fait se rencontrer deux mondes qui la plupart du temps ne se parlent pas et ne se connaissent pas.
Cela fait plusieurs fois que tu mentionnes ces « ateliers coup de pouce », concrètement en quoi consistent ils ?
L’atelier dure deux heures et est individualisé. Tout d’abord, le participant reçoit une convocation. Puis au jour et à l’heure dits, il est reçu dans le local de la Cravate que nous essayons de rendre accueillant.
Les quinze première minutes sont consacrées à discuter du parcours et des aspirations de la personne. Ensuite, le participant passe 45 minutes avec un conseiller en image. Ensemble, ils choisissent une tenue professionnelle.
Puis s’ensuit un entretien blanc lors duquel deux professionnels des RH lui donnent du feedback et des conseils pour réussir. Enfin, le participant passe par notre studio photo pour prendre une photo d’identité pour son CV.
Comment fais-tu avec tes deux associés pour mobiliser l’écosystème de la Cravate Solidaire ? Qu’est-ce qui pousse ces près de 250 professionnels des RH à s’impliquer avec vous ?
Nous recrutons souvent de nouveaux bénévoles via nos actions lors des collectes de vêtements dans les entreprises. Chaque mois nous envoyons un Doodle et chacun le remplit selon ses disponibilités. Les gens viennent donc parce qu’ils ont envie et ça c’est essentiel ! Ensuite nous organisons des événements pour nos bénévoles. Cela leur permet de faire du networking.
Toutes ces actions ont un coût, comment la Cravate Solidaire les finance ? Quels sont vos leviers financiers ?
Les pouvoirs publics, notamment via la France s’engage, nous soutiennent beaucoup ! Sinon nous sommes financés par le privé via de généreuses contributions de la part d’entreprises partenaire : 80% de notre budget vient de là. Nous espérons atteindre l’équilibre financier bientôt ! Et nous cherchons des moyens pour pérenniser notre action. Mais nous sommes encore en réflexion quant à la forme que cette pérennisation pourra prendre ! Nous restons relativement jeunes pour une association : à peine 5 ans.
Quels sont les perspectives de développement pour la Cravate Solidaire ? Où est-ce que tu projettes ton association dans 5 ans ?
Nous avons entamé un essaimage en région et en Belgique de la Cravate avec la création d’antennes. Nous voulons renforcer ce mouvement et continuer à faire ce que nous savons faire. Ne pas nous disperser.
En 2015, nous avons aidé 480 personnes, l’année dernière pas moins de 600 et nous espérons toucher plus de 1000 personnes cette année.
Il s’agit d’accompagner plus et mieux !
Admettons, je suis un jeune. Je cherche à m’engager et ton projet me plait. Comment puis-je contribuer ?
Tu peux faire un don de vêtement ou bien organiser une collecte de vêtement dans ton école ou ton entreprise en nous envoyant un mail à cette adresse : dons@lacravatesolidaire.org.
Tu peux devenir bénévole et pour cela, il suffit de nous envoyer un mail à contact@lacravatesolidaire.org, nous te renverrons un petit questionnaire pour connaitre tes motivations puis tu seras invité à un des apéros de la Cravate.
Sinon n’hésite pas à liker notre page Facebook ici.
Dernière question, quels seraient les conseils que tu donnerais aux jeunes qui veulent s’engager ?
Travailler en équipe !! Tout seul on ne va pas très loin. Et croire en ton idée.
Nous quand on a démarré sur un coup de tête, on n’avait pas grand-chose et pourtant cinq ans après grâce au soutien et à la persévérance nous avons l’occasion d’avoir un vrai impact, et ça, ça n’a pas de prix ! Enfin, il faut être adaptable. Aucun jour ne se ressemble quand on monte un projet et il faut savoir réagir vite !
Toute l’équipe de Youth We Can! te remercie vivement pour toutes ces infos et ces conseils. Bon courage pour la suite de l’aventure !
Propos recueillis par Baptiste Sibieude